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Comment la France a perdu l'Afrique

Antoine Glaser, Stephen Smith

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L'ouvrage, divisé en trois parties, suit un plan chronologique. La première est consacrée à la guerre froide, la dernière à l’après 11-Septembre. Entre les deux, 1994 constitue une date charnière : la dévaluation du franc CFA en janvier, les obsèques du "vieux" Houphouët-Boigny en février et le génocide rwandais au printemps sonnent le glas de cette "Françafrique" née au lendemain des indépendances. La période qui se clôt alors nefut pas glorieuse pour la France. Stephen Smith le reconnaît volontiers, prenant à contre-pied ceux qui l’accusaient de néo-colonialisme voire de négationnisme. De 1945 à 1989, sans que les indépendances de 1960 n’y aientrien changé, la France a gouverné ses ancienn...es colonies. Elle en tirait un prestige politique, profitant de sa clientèle africaine, à l’ONU notamment, pour maintenir son "rang". Elle en tirait un avantage économique, réalisant en Afrique ses excédents commerciaux les plus importants. La fin justifiait les moyens et l’aide généreusement distribuée aux régimes amis visait moins à aider l’Afrique à sortir du sous-développement qu’elle ne constituait un "loyer géopolitique" (p. 55). Pour gérer ce système un "蓆at franco-français" s’était mis en place, gouverné directement par l’Élysée. Sans ignorer ses coups bas ni ses "barbouzeries" voire ses crimes, les auteurs refusent de résumer la politique africaine de la France aux seuls réseaux de Jacques Foccart, livrant de l’historique "monsieur Afrique" une image plus subtile que celle d’un "la Foque" nourrissant dans un cabinet noir de laRépublique d’inavouables desseins pour l’Afrique" (p. 59). Avec la fin de la guerre froide, tout change. Les régimes autoritaires soutenus par la France perdent leur prétexte géopolitique. Alors que l’Afrique du Sud tourne la page de l’apartheid, l’Afrique rêve de démocratie, de gouvernance, de développement. D’autres puissances internationales apparaissent : les Etats-Unis, la Chine... Paralysée par une double cohabitation, la France tarde à réagir, sinon en retirant ses coopérants, en fermant ses bases et en amputant son aide. En soutenant SeseSeko Mobutu au Zaïre ou Ghansimgbe Eyadema au Togo, elle "s’est enferméedans la vaine défense du statu quo" (p. 133). Tandis que les générations des indépendances quittent la scène, les nouveaux leaders, en France comme en Afrique, ne font plus de la relation franco-africaine une priorité. Côté français, on réalise que l’Afrique ne pèse guère dans le commerce mondial et que sa situation géopolitique s’est démonétisée depuis la fin de la guerre froide. Si, vu de Paris, l’Afrique mérite encore qu’on s’y intéresse, c’est tout au plus pour la pression migratoire qu’elle exerce, lesrisques sanitaires qu’elle suscite ou la mauvaise consciencehumanitaire qu’elle provoque... Lire la suite

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